Scourmont
Ordination sacerdotale de Damien
Merci bien sûr à
vous tous d’être là.
Merci à Monseigneur
Harpigny.
Merci à ma
communauté monastique pour cet appel au sacerdoce et aussi pour ces
années de vie ensemble.
Merci aux moines et
moniales des autres monastères qui sont venus nous rejoindre.
Merci aux prêtres,
notamment à ceux du diocèse de Soissons qui sont venus nombreux et
qui indiquent par ce geste qu’ils ne m’en veulent pas trop
d’avoir quitté le diocèse…
Merci bien sûr au
Père Joseph et aux personnes de ma paroisse d’origine. J’aurai
la joie de les retrouver dans 2 semaines dans le village où j’ai
grandi pour présider une eucharistie.
Merci aux laïcs
cisterciens, aux amis du monastère, aux membres du personnel.
Merci à tous ceux
qui ont préparé cette journée. Un merci particulier à Sylvain,
l’organiste, et à Monsieur et Madame Devin pour les photos.
Merci à mes amis,
notamment à ceux qui ne sont pas croyants, et qui se retrouvent
finalement bien plus souvent dans une église qu’ils ne l’auraient
pensé !
Et enfin, et bien
sûr, merci à ma famille ; merci de tout mon cœur à mes parents.
Si vous étiez
présents il y a 4 ans lors de ma profession monastique, vous vous
souvenez peut-être qu’elle fut ma réaction lorsque, adolescent,
je suis venu pour la première fois à Scourmont, où j’avais dit :
« une chose est sûre, jamais je ne serai moine ». Mais je ne vous
avais pas dit que quand, enfant, on me demandait ce que je ferai
quand je serai grand, si je ne répondais pas « agriculteur », je
disais avec fierté « je serai prêtre ! » Mes parents, ma famille
ont toujours accueilli cette réponse avec respect, me laissant faire
mon petit bonhomme de chemin. Mais la plupart des adultes me
répondait par un sourire, tout en pensant peut-être : « ça lui
passera… » J’eus encore moins de succès dans la cour de
récréation où vous pouvez aisément imaginer les réactions que
cela a suscitées…et j’avoue avoir été beaucoup plus discret
par la suite sur le sujet.
Cet enfant qui
voulait devenir prêtre pensait avoir réussi son coup quand, âgé
de 20 ans, j’ai eu un rendez-vous avec un supérieur de séminaire.
Mais ce que je n’avais pas prévu, c’est que finalement je ne me
rendrai pas à ce rendez-vous. Et oui ! J’avais 20 ans et la vie
devant moi ! Quelques années plus tard, je pourrais raconter avec
amusement l’histoire de cet enfant, tout en affirmant que c’était
une histoire ancienne et que, évidemment, vous l’avez deviné :
‘jamais je ne serai prêtre !’
L’appel va
pourtant refaire surface à mes 27 ans après une retraite dans cette
abbaye où j’étais venu pour donner à Dieu ce que j’appelais
‘une dernière chance’. Un an plus tard, l’enfant tenait sa
victoire quand je rentrai enfin au séminaire.
Et puis, à 33 ans,
patatras, je choisis la vie monastique. La prêtrise est renvoyée à
plus tard, peut-être à jamais. Ma communauté me donne aujourd’hui,
à 42 ans, cette grâce et je lui en suis particulièrement
reconnaissant. Quant à l’enfant, il peut enfin vous dire avec
fierté : « je vous l’avais dit ! »
Mais il faut
préciser deux choses importantes. La première : si enfant je
voulais devenir prêtre, n’allons pas croire que c’était écrit
dans les Cieux, que je n’avais pas le choix et que nous devions
forcément nous réunir aujourd’hui. Non, Dieu n’a rien exigé de
moi, il m’a simplement offert son amour et c’est en m’engageant
dans la vie monastique, ici, que j’ai choisi de lui répondre.
Deuxième précision
: ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas la réalisation d’un
rêve d’enfant, mais le don d’une grâce pour toute l’Eglise de
Dieu. Je ne suis pas prêtre pour moi-même, mais pour le service de
ma communauté, de l’Eglise, de tous les hommes. Je ne suis pas au
bout d’un rêve, comme devant un grand vide. Non, aujourd’hui,
comme hier et demain, c’est toujours la même question qui se pose
à moi et à chacun d’entre nous : « Seigneur, que veux-tu que je
fasse ? » Et la réponse est toujours la même, aussi simple que
difficile : « Aime… » Oui, je peux dire que je suis heureux
d’être prêtre, mais parce que je suis prêtre d’un Dieu qui,
une nouvelle fois, se révèle fidèle à sa promesse, à son
Alliance. Et c’est cette fidélité qui ne cesse de m’interpeller,
qui ne cesse de nous appeler.
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